Tout a commencé au tout début de 1992 |
Régis Hauser alias Max Valentin |
Cette année-là, Max Valentin, écrivain, fait la connaissance de Michel Becker, auquel il est venu acheter des
toiles. Lhomme a le même âge que lui. Cest un peintre coté, très riche aussi, et qui mène la vie de bohème de beaucoup dartistes. Un original! Personne, dans son
petit village de Provence (Saint-Cézaire-sur-Siagne dans les Alpes-Maritimes), na oublié quil a emmené plusieurs fois le facteur en tournée à bord de sa somptueuse
Rolls-Royce. Personne nignore non plus quil descend du compte de Chambord par les femmes. Hormis la peinture, Becker nourrit deux passions : il adore les histoires de chasse au trésor et il collectionne des figurines représentant des chouettes ! Sa fascination pour ce sympathique rapace nocturne vient sans doute de son aïeule, la duchesse de Berry. On sait que le chuintement de la chouette - ainsi que ses diverses représentations sous forme de figurines - servit de signe de ralliement aux Chouans. La duchesse de Berry eut largement recours à cette symbolique fédératrice pour ranimer lardeur de ses partisans et elle comptait sur eux pour soutenir les menées légitimistes de son fils Henri Charles Ferdinand Marie Dieudonné dArtois, duc de Bordeaux, comte de Chambord (lunique héritier de la branche aînée des Bourbons). Chambord avait pour épouse larchiduchesse dAutriche-Este, laquelle lavait laissé sans descendant. Mais en 1871, lhomme prit à son service la jolie Valérie Gaudissard et, un an plus tard, le 6 juillet 1872, à Sougé (Loir-et-Cher), la jeune femme donna naissance à un petit Gustave. Lenfant fut délaré de père inconnu. Très vite, il présenta une telle ressemblance avec le comte de Chambord que tout le monde dans le pays le surnomma le Petit Chambord. Becker est larrière-petit-fils de Gustave. |
Un soir, alors que Max Valentin est chez Michel Becker devenu son ami, la conversation roule sur les trésors et leurs mystères. Becker raconte quil a toujours rêvé
den trouver un. Max, lui, évoque son vieux projet : au début des années 80, alors quil était encore chef dentreprise, il organisait des jeux de piste pour ses
collaborateurs. Encouragé par leur succès, il avait décidé de ressortir du tiroir une chasse dont il avait conçu la trame à la fin des années 70. Cette idée de jeu
séduit Michel Becker. A la fin de la soirée, les deux amis se sont réparti les rôles. Max Valentin cherchera un éditeur tandis que Michel Becker illustrera le texte
de ses toiles originales et cherchera un sponsor pour financer le trésor. Et les deux amis scellent leur projet par un serment: une seule personne au monde doit
connaître lendroit où le trésor est enterré, lauteur Max Valentin.
Mais éditeurs et sponsors se décommandent dès quils apprennent quun inconnu partira enterrer un million sans leur donner ladresse ! |
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Finançant lopération avec ses propres fonds, Michel Becker a le privilège de pouvoir choisir la forme du trésor. Ce sera une chouette, symbole des Chouans dont il
descend. Il sculpte alors le moule en cire dune chouette grandeur nature de 50 centimètres denvergure, ailes déployées, puis il la confie à un orfèvre de renom,
chargé de réaliser la statuette définitive. Trois kilos dor, dix kilos dargent sont nécessaires pour couler le corps et les ailes. Lorfèvre nincruste pas moins
de 500 diamants autour des yeux en onyx de lanimal quil fixe sur un socle de zoïsite (la pierre-mère du rubis). Cest cette oeuvre dart, dune valeur de plus de
150 000 euros, qui constituera le gros lot de la chasse imaginé par Valentin et Becker.
"Jai décidé de monter cette chasse à la chouette dor pour faire un pied de nez à la psychose de la morosité", explique Michel Becker.
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Dans la nuit du 23 au 24 avril 1993, Max Valentin quitte son domicile parisien à bord de sa voiture et sengage sur lune des autoroutes qui desservent la capitale.
Dans son coffre, il a la réplique en bronze de la Chouette dOr. Vers trois heures du matin, il sarrête brusquement à lorée dune forêt. Il coupe le moteur et
allume une cigarette. A cet instant, il aperçoit une silhouette dhomme devant lui. Un promeneur nocturne qui cherche dans les broussailles son chien nommé Dracula...
Max attend que lhomme séloigne puis il redémarre et senfonce dans le sous-bois. Très vite, le chemin devient impraticable. Il doit poursuivre sa route à pied,
une lampe torche à la main. Il emporte avec lui la statue de bronze, une pioche, une pelle et une barre à mine. Au bout dune marche assez longue, Max Valentin
arrive à lendroit exact où il a décidé denterrer le "trésor". Masquant le faisceau de sa lampe avec un mouchoir, il commence à creuser. A coup de pioche dabord.
Puis de pelle. Pendant trois heures. Trois heures exténuantes. A six heures du matin, les mains en sang, Max Valentin dépose enfin la statuette au fond du trou
profond de quatre-vingt centimètres quil rebouche alors. Puis il va déterrer un arbuste un peu plus loin et le plante sur le petit tumulus.
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Un coup dœil aux
alentours afin de vérifier que personne ne la observé et il rejoint sa voiture. Quelques minutes plus tard, il sarrête dans un minuscule village, entre dans le
bistrot local et commande une boisson chaude.
"Je me suis vu dans la glace du café, explique-t-il. Jétais méconnaissable, défait, couvert de terre". Puis il rentre à Paris et téléphone à Becker. Tout est prêt. La chasse peut commencer. Cest lassociation IMPALA créée par Michel Becker qui monte ce coup "médiatique". Le but de cette opération est promotionnel : faire connaître lassociation dont la vocation est de promouvoir de jeunes artistes, par la recherche de sponsors et de mécènes. IMPALA ne percevra aucune recette du livre. Michel Becker, qui touchera des droits dauteur, ignore alors sil rentrera dans ses fonds.
"On sattendait à vendre trois ou quatre mille exemplaires du livre, explique Max Valentin. Puis ça a explosé. En trois mois, il en était parti cinquante
milles". Max naura pourtant pas ce plaisir puisquil nous a quittés dans la nuit du 23 au 24 avril 2009.
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