MICHEL BECKER


MICHEL BECKER

Dans l'atelier de Michel Becker, on retrouve les toiles réalisées pour la chasse "Sur la Trace de la Chouette d'Or".

Mais voici aussi quelques autres toiles de Michel.

On y retrouve tout son style, sa "patte", son travail de la lumière, et bien d'autres détails que croiront reconnaître les Chercheurs de Chouette !

ANNEES 80

Pour retrouver les superbes toiles de Michel Becker :

http://www.michelbecker.com

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Le trésor est là pour vous... ou pour l'éternité !
- Max Valentin -
(extrait de l'introduction du livre "Sur La Trace De La Chouette D'Or")

Becker est certainement l'un des peintres contemporains pour lesquels j'éprouve le plus d'admiration. Sous son pinceau, délicatesse et violence se fondent quasi miraculeusement. Il possède cet art unique de capter l'authenticité et la qualité d'une lumière, de faire physiquement vibrer la couleur ; de la confiner dans un espace interdisant à l'oeil de s'arracher de la toile, tout en laissant la possibilité à l'imagination de s'envoler. Becker a un tempérament inspiré et bouillonnant. Cette dualité, il l'exprime admirablement au travers de ses oeuvres, bien sûr ; mais également dans ses relations avec les autres. De prime abord, le personnage semble tout de réserve et d'exquise politesse. Mais, à l'occasion, il sait aussi faire montre d'un humour ravageur ou feindre la colère par de somptueux coups de gueule !

Becker, c'est un mélange étonnant et détonant de sensibilité artistique et de maîtrise réfléchie. Et ceux qui, comme moi, ont couru ses expositions, savent que sa réputation est due à un talent dévastateur, et non aux dîners en ville !

Hormis la peinture, Becker nourrit deux passions. Il adore les histoires de chasse au trésor, et il collectionne des figurines représentant des chouettes en or, argent, porcelaine, bois, étain, jade, bronze, papier mâché et même mie de pain maniée ! Enquête faite, il semble bien que l'explication de sa fascination pour ce sympathique rapace nocturne - symbole de sagesse et de mystère - soit gravée dans ses gènes: elle lui vient sans doute de son aïeule, la duchesse de Berry.

On sait que le chuintement de la chouette - ainsi que ses diverses représentations sous forme de figurines - servit de signe de ralliement aux Chouans. La duchesse de Berry eut largement recours à cette symbolique fédératrice pour ranimer l'ardeur de ses partisans, et elle comptait sur eux pour soutenir les menées légitimistes de son fils Henri, Charles, Ferdinand, Marie, Dieudonné d'Artois, duc de Bordeaux, comte de Chambord (l'unique héritier de la branche aînée des Bourbons). Chambord avait pour épouse l'archiduchesse d'Autriche-Este, laquelle l'avait laissé sans descendant. Mais en 1871, l'homme prit à son service la jolie Valérie Gaudissard, et un an plus tard, le 6 juillet 1872, à Sougé (Loir-et-Cher), la jeune femme donna naissance à un petit Gustave. L'enfant fut déclaré de père inconnu. Très vite, il présenta une telle ressemblance avec le comte de Chambord que tout le monde, dans le pays, le surnomma le Petit Chambord.

Becker est l'arrière-petit-fils de Gustave. Sa fascination pour les chouettes trouve donc là son ancrage psychologique (je serais tenté de dire historique) ; et il était normal qu'il choisisse de dessiner, puis de sculpter et de faire fondre une représentation joaillière de cet oiseau. C'est cette représentation qui fait l'objet du trésor dont il est question ici.

Cette Chouette en or, argent et pierres, je l'ai vue. Car, alors même que je rédigeais le présent texte, Becker, lui, mettait la dernière main à la sculpture en cire qui servirait au coulage du moule. J'eus donc le privilège d'admirer ses esquisses, et d'assister à la plupart des phases de la création de la Chouette; depuis la fonte des métaux précieux et leur ébarbage, en passant par le polissage et jusqu'à l'enchâssement des pierres... Je dois dire que ce fut pour moi une véritable fascination que de voir l'oeuvre prendre forme sous les doigts experts de l'artiste et sous les outils des joailliers; et je n'imaginais pas un seul instant que la fabrication de cette pièce unique exigerait autant de travail. Un travail d'une précision hallucinante, mené avec un souci du détail qui relevait de la monomanie... Mais une fois terminée, la Chouette semblait dégager une aura propre, quelque chose d'indéfinissable qui suscita en moi un violent tourbillon d'émotions. J'avais rarement admiré une pièce d'orfèvrerie aussi authentiquement belle, aussi majestueuse dans sa simplicité.

Mais, au fait, pourquoi cette chasse au trésor ?

Becker: - Vers l'âge de huit ans, comme tous les gamins, je rêvais de galions engloutis, de flibustiers et d'îles au trésor. Je mélangeais gaillardement Histoire et fiction, et mes nuits étaient alors remplies des exploits du Chevalier de Hadoque, de ceux de Rackham le Rouge, des Frères de la Côte et des corsaires, de Morgan, de Drake et de Montbars l'Exterminateur... Mais tout commença réellement lorsque j'eus une douzaine d'années. C'est alors que le virus de la chasse au trésor s'immisça en moi. Il y est encore. En effet, je découvris chez un bouquiniste un vieil ouvrage écorné et rongé par les rats. Avec un petit sourire ironique, l'homme rafla mes maigres économies et me remit le volume, enveloppé dans un papier qui sentait l'oignon. Mais pour moi c'était l'affaire du siècle, car le livre racontait, avec force détails, l'histoire de l'île Cocos (aussi appelée « île de Coco » ou « île des Cocos »). Et sur cette île, voyez-vous, se cache le plus fantastique trésor du monde. Petit caillou tristounet émergeant au large de la Colombie par 5° 32' de latitude nord et 87° 10' de longitude ouest, l'île Cocos abrita vers 1820 le brick écossais Mary Dear et son commandant, le sinistre Captain Thomson. On ne s'embarrassait guère, alors, de scrupules: après avoir proprement égorgé tous ses passagers et les avoir balancés par-dessus bord, Thomson enterra son fabuleux butin, aujourd'hui évalué, selon différentes sources, entre 4 et 20 milliards de francs ! Il se composait d'une caisse contenant 2 reliquaires en or pesant 120 livres, avec 654 topazes, émeraudes et cornalines et 12 diamants; d'une caisse contenant des draps d'or; des ciboires, des ostensoirs, des calices ornés de 1 244 pierres ; d'une caisse renfermant 3 reliquaires pesant 160 livres, 860 rubis et 19 diamants ; d'une caisse contenant 4000 doublons d'Espagne, 5000 pièces mexicaines, 64 dagues, 124 épées, 120 baudriers et 28 rondaches ; de sept caisses contenant 22 candélabres en or et argent pesant 250 livres, et 164 rubis ; d'une caisse contenant 3840 pierres taillées et 4 265 pierres brutes ; 7 croix en diamants ; d'une Vierge de deux mètres en or massif avec l'Enfant Jésus arborant son pectoral (780 livres) orné de 3 émeraudes de quatre pouces chacune, et sa couronne rehaussée de 6 topazes de six pouces... Ouf! Au soir de sa vie, taraudé par le remords, Thomson révéla l'emplacement du trésor à un nommé Keating. L'homme se rendit sur place et s'empara d'un quart du butin mais ne put déterrer les plus grosses pièces. Au retour, il confia son secret à un ami, Nicholas Fitzgerald. Ce dernier, moitié clochard, moitié marin, ne parvint jamais à réunir les fonds nécessaires à l'organisation d'une expédition. Hantant les bars de Melbourne et sentant sa fin proche, Fitzgerald écrivit une lettre au capitaine Curson Howe, et, pour le remercier de lui avoir un jour sauvé la vie, il lui révéla l'emplacement du butin. Malheureusement (et heureusement pour les chercheurs de trésors !), Howe, lui non plus, ne posa jamais le pied sur l'île Cocos...

Je demandai à Michel Becker s'il avait apprécié le climat de l'île Cocos... Il éclata de rire :

- Enfant, c'est vrai, je m'étais juré de partir un jour à la recherche du trésor de Thomson. Adulte, mes pinceaux et mes toiles me détournèrent insidieusement de ce rêve-là... Sans doute le petit garçon que j'étais alors me traiterait-il aujourd'hui de « pied tendre », de « rascal » et de « foie jaune », mots qui, dans ses lectures, qualifiaient les tristes individus de mon espèce, traîtres, lâches et totalement dépourvus de tripe aventurière ! C'est exact, je n'ai rien d'un coureur d'océans, et mes îles des mers du Sud, je les trouve maintenant dans ma tête. Mais comment une aussi piètre excuse pourrait-elle être opposée à un gamin de douze ans ? Car peut-on, sans déchoir, troquer un sabre d'abordage contre un tube de gouache bleu outremer ? Le trésor du Mary Dear se trouve donc toujours là où il a été enterré, et il ne tient qu'à vous de cingler vers l'île Cocos! Voici d'ailleurs le texte remis par le Captain Thomson à Keating. Il est superbe, car il contient les mots et expressions qui accélèrent les pulsations cardiaques de tout chasseur de trésors normalement constitué : « Débarquer dans la baie de l'Espérance, entre deux petites îles. Compter 350 pas le long du ruisseau, puis prendre la direction nord-nord-est 850 yards. Un pic. Au soleil couchant, le pic projette l' ombre d'un aigle, ailes déployées. À la limite entre l'ombre et le soleil, il y a une grotte marquée d'une croix: là est caché le trésor... »

Si j'ai renoncé au magot du Captain Thomson, enchaîna Michel Becker, ma fascination pour les trésors, en revanche, est toujours aussi vivace ! Pendant des années, j'ai collectionné tous les écrits, plans, rumeurs, récits et racontars colportés sur ce sujet. S'approprier en toute légalité le butin de brigands sanguinaires, de flibustiers ripailleurs ou - plus prosaïquement - de quelque riche Père Tranquille ayant jadis muré ses éconocroques derrière le linteau de sa cheminée, cela est sans doute une activité des plus lucratives... Mais pouvoir, en plus, découvrir (ou simplement imaginer !) comment ce butin a été réuni, je ne connais au monde rien de plus grisant !

On l'aura compris, pour Becker, l'or et les pierres précieuses n'ont de véritable intérêt que s'ils sont imprégnés d'Histoire ; et un doublon espagnol ou un louis ne valent que par les mains qui les ont touchés, les alliances qu'ils ont scellées, et les trahisons qu'ils ont achetées.

- Oh, certes, ajouta-t-il encore, il est bien plus facile de ratisser un labour tourangeau avec un détecteur de métaux que d'armer un navire à destination de l'île Cocos !... Mais savoir qu'un trésor est là, au bout de ce petit chemin creux, sous la grosse pierre à gauche du puits, cela fait palpiter mes narines ! Et quand, dépité de n'avoir rien trouvé, je reprends le chemin du retour, il ne me faut que quelques minutes pour recouvrer tout mon enthousiasme ; le coffret ferré que je cherche n'est pas sous la grosse pierre, mais au pied du hêtre, juste en face du calvaire, c'est évident. Je reviendrai demain !... Un trésor ne devient réel que lorsqu'il est découvert. Mais avant cela, que de rêves n'aura-t-il pas nourris !

Pour moi, décrypter un plan, étudier un grimoire, fouiller des archives, cela fait partie du jeu et nourrit l'excitation... Eh bien, cette excitation-là, je veux aujourd'hui la faire partager au plus grand nombre !...

Dont acte !

Les onze illustrations du livre ont été peintes par Michel Becker, et elles vous aideront à décrypter les onze indices qui leur font face. Un petit conseil : essayez d'abord de replacer ces énigmes dans le bon ordre avant de chercher à les résoudre (avec un peu d'astuce, cela ne devrait pas être trop difficile) ! En effet, chacune d'elles est une clé qui vous permettra de « faire sauter » l'indice suivant, et ainsi de suite... Par conséquent, ne vous précipitez pas sur les routes de France avant de les avoir toutes trouvées ! Le secret de la Chouette d'Or ne se trouve pas au creux d'une sente poudreuse, ni au sommet d'une grève battue par les embruns, ni au pied d'un arbre centenaire: il est tout entier entre les pages de ce livre !... Une dernière précision: pour d'évidentes raisons, la Chouette d'Or ne saurait être cachée sur un sol privé.

Max VALENTIN

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