TH2001 (énigmes et solutions) |
Il était dix heures du matin lorsqu'il aperçut un homme allongé dans le sable au creux d'une
cuvette. Il s'arrêta. Âgé d'une cinquantaine d'années, l'individu avait l'air mal en point et
respirait avec difficulté. Pensant qu'il avait été piqué par un scorpion ou mordu par un serpent,
Max essaya d'interroger le malheureux afin de lui venir en aide. De ses explications un peu
embrouillées, il comprit que l'homme avait fait une chute et souffrait d'une entorse. Il se
trouvait là depuis deux jours sans nourriture et sans eau, incapable de gravir la pente
sablonneuse qui se dérobait sous ses pieds. Après l'avoir fait boire, Max le hissa au sommet de
la cuvette et le chargea dans sa 4X4, puis le conduisit au village de Tumas Wa 'Afiyah, où il
habitait.
Dans la soirée, Mahmoud - c'était son prénom -, remis de ses émotions après quelques soins,
demanda à l'un de ses fils d'aller chercher une boîte en bois et de la remettre à Max. Il lui
fit comprendre que c'était un cadeau qu'il lui destinait. Max ouvrit la boîte. A l'intérieur,
roulée dans un petit morceau de toile, il découvrit une pierre sombre, d'une singulière beauté.
Il n'avait jamais rien vu de tel. Il la déposa au creux de sa main et l'observa de plus près :
de la taille d'une bille, elle était à la fois opaque et translucide, crépusculaire et miroitante.
Elle semblait prête à absorber la lumière comme une éponge sèche absorbe l'eau, et à s'en gorger.
Homme pragmatique, peu enclin aux émotions irrationnelles, Max Valentin ne s'attendait pas à
être envahi par cette sensation étrange, mélange de fascination et de crainte, qui le submergea
à cet instant précis. Il eut le sentiment très net que ses veines se vidaient d'un coup de leur
sang, pour charrier un liquide glacé. Mais peut-être cette impression désagréable était-elle
due au fait que, se tournant vers Mahmoud, il surprit chez lui un mouvement instinctif de
recul, comme si la pierre, éclaboussée par la lumière venant de la porte, lui inspirait de la
terreur ou de la répulsion.
Max fut déconcerté par cette réaction, car, après tout, Mahmoud venait à l'instant-même de la
lui offrir. Cela le fit penser à un maître de maison qui, à table, se pincerait le nez en servant ses
invités ! Puis l'Egyptien fit un geste pour faire comprendre qu'il y avait autre chose dans la
boîte. Max en tira trois rouleaux de papyrus, et déploya doucement l'un d'eux sur une petite
table. Il était couvert d'hiéroglyphes. Max n'y connaissait rien en matière de papyrus, et
encore moins en hiéroglyphes. Bien sûr, il avait souvent eu l'occasion d'en voir de près ; mais
jamais d'en toucher.
En revanche, dans certaines boutiques du Caire, il avait manipulé d'atroces imitations réservées
aux touristes, et c'est à l'une de ces contrefaçons qu'il pensait avoir affaire. Avec difficulté,
Mahmoud expliqua que la pierre et les papyrus avaient appartenu à son père, au père de son père,
et au père de celui-ci, et ainsi depuis des générations ; et Max comprit qu'en les lui offrant,
l'Egyptien voulait certes lui faire plaisir, mais qu'il était surtout pressé de se débarrasser
d'objets auxquels, croyait-il, était attaché un sortilège ! Dans ce cas, pensa Max, pourquoi ne
les avait-il pas tout bonnement enterrés quelque part dans le désert ? Mystère. La seule
explication qui lui vint à l'esprit, c'était que Mahmoud voulait sans doute mettre la plus
grande distance possible entre le "sortilège" et lui ! L'homme parut réellement soulagé lorsque
Max rangea la boîte dans sa voiture. Après avoir remercié et salué son hôte, Max lança le moteur
et s'éloigna dans le soleil couchant, poursuivi par des volutes de poussière.
Une semaine plus tard, de retour à Paris, il rangea la pierre et les papyrus dans le tiroir de
son bureau, et n'y pensa plus.
De retour à Paris, Max téléphona à un ami qui habite à Assouan, et le chargea de porter la bonne
nouvelle au brave Mahmoud, à Tumas Wa 'Afiyah : la pierre, qu'il désirait lui rendre, était un
diamant ! Trois jours plus tard, la réponse lui parvint. Max n'en crut pas ses oreilles :
Mahmoud y renonçait, refusant même tout dédommagement. L'Egyptien s'était dit soulagé d'en être
définitivement débarrassé, et ne voulait plus jamais en entendre parler !
Quelques jours plus tard, le Professeur S. fit parvenir à Max Valentin un E-mail l'informant que
les rouleaux pouvaient être datés de la XXIXe dynastie. Suivait la traduction des hiéroglyphes.
Max lut :
"Afin que ses traits soient à jamais préservés, aujourd'hui a été prise l'empreinte du noble
visage du jeune Nefer, sage, érudit et courageux, déjà aimé de tous, tombé sous les coups de ses
ennemis. Nous avons noué autour de son masque une plaque en or portant son nom. Quel malheur !
Nefer était le gardien de la Pierre de Soleb. Entre ses mains, le pouvoir de cette pierre
maléfique était annihilé, et son action corruptrice restait sans effet sur nous, respectueux
sujets de l'Horus Néphéritès, roi des Deux Terres. Mais hélas ! La Pierre de Soleb a été dérobée
à Nefer par ceux qui osèrent attenter à sa vie. Qui sait entre quelles mains viles et impies
elle se trouve aujourd'hui ?
Moi, Ptahmès, prêtre d'Anubis, affirme que le monde connaîtra la
haine, la douleur et les larmes jusqu'au jour où la redoutable Pierre de Soleb aura été
récupérée et dissimulée aux yeux des hommes. Ce jour viendra dans 2400 années. C'est alors
qu'elle sera confiée au plus méritant de tous les êtres qui vivent au-delà des quatre horizons.
Lui seul sera digne de succéder à Nefer et de devenir le gardien de la pierre maléfique.
Lorsque, grâce à lui, elle aura retrouvé l'obscurité, la malédiction sera rompue. Le monde
connaîtra à nouveau l'amour, la paix, et la prospérité. Ce sera le début d'une ère nouvelle."
Dire que ce texte enflamma l'imagination de Max Valentin serait un doux euphémisme ! Il ne
tenait plus en place ! Etait-il possible que le diamant noir en sa possession fut la Pierre
de Soleb ayant jadis appartenu à Nefer ?...
Quinze jours plus tard, l'aventure prit une tournure véritablement inouïe, et aujourd'hui
encore, Max Valentin interprète ce qui se passa comme un signe. Ce matin-là, donc, vers dix
heures, il reçut la visite d'un ami, J. T., amateur d'art éclairé et passionné d'égyptologie.
Bien sûr, Max lui raconta toute l'histoire, et lui fit lire la traduction que le Professeur S.
avait faite des hiéroglyphes de Ptahmès.
- Nefer ??? s'écria son visiteur. Je sais où se trouve un masque, contemporain du pharaon
Néphéritès Ier, et qui porte autour du cou une plaque en or à ce nom !...
Puis il voulut admirer le Diamant Noir de Soleb. Il se dirigea vers la fenêtre et l'examina à
la lumière, avant de le poser sur la table avec une grimace qui, sur l'instant, laissa Max
perplexe. Le surlendemain, J. T. était cloué au lit, souffrant de migraines, de vertiges et de
saignements de nez, accompagnés d'une forte fièvre. Interrogé, il avoua avoir ressenti une sorte
de nausée violente lorsqu'il avait manipulé la pierre, deux jours plus tôt. Coïncidence ? Max
Valentin en est persuadé : "Je n'ai jamais cru aux calembredaines entourant la découverte du
trésor de Toutankhamon", dit-il, "et je ne vais pas, aujourd'hui, admettre la réalité des
pouvoirs magiques d'un prétendu diamant maudit réagissant à la lumière du soleil !"
Mais sait-on jamais ?
Raconter ici comment Max Valentin réussit à convaincre le lord anglais de lui céder le masque de
Nefer, serait trop long. Mais dès qu'il fut en possession de l'objet, Max décida de tout
entreprendre pour que la prophétie de Ptahmès s'accomplisse.
Puis il fit réaliser par un grand joaillier un somptueux reliquaire en or rehaussé de
pierreries, vibrant hommage à la splendeur de l'Egypte millénaire, destiné à recevoir le masque
de Nefer. Dans le socle de ce reliquaire fut aménagé un tiroir à secret dans lequel le Diamant
Noir de Soleb serait confiné, le dissimulant ainsi "pour toujours aux yeux des hommes", ainsi
que le souhaitait le sage Ptahmès. Mais peut-être le gagnant, dans quelques années, sera-t-il
tenté d'ouvrir ce tiroir et d'en sortir la pierre.
- Qu'il sache alors, précise Max, que cela ne sera pas chose aisée : il devra trouver la
combinaison secrète permettant de faire coulisser ce tiroir. S'il n'y parvenait pas, le défi
pourra être relevé par ses enfants, ses petits-enfants ou ses arrière-petits-enfants... à leurs
risques et périls !
Enfin, Max Valentin prit contact avec la société CRYO NETWORKS, pour laquelle il avait déjà
réalisé douze chasses au trésor sur le thème "Venise, fortune et gloire dans la Cité des
Doges". Il lui demanda de concevoir un site spécifique pour cette chasse au trésor planétaire,
et de mettre en action son étonnante technologie SCOL, seule capable d'apporter aux énigmes le
réalisme qu'il souhaitait. Le résultat dépassa ses espérances !
J'espère que vous tirerez grand plaisir à "casser" ses énigmes !
Quelques informations supplémentaires :
http://lionel.le.tallec.free.fr/2/TH/index.htm
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